La Cie BOUMKAO demande le maintien des subventions publiques pour tous les festivals locaux… annulés ou non !
c’est un peu de lecture mais si vous êtes d’accord avec les demandes et connaissez ou êtes vous même organisateurs : partagez ! faites circuler !
(co écrit par plusieurs cie locales organisatrices de festivals)

Madame, Monsieur,

Nous sommes organisateurs ou compagnies créatrices d’événements locaux ou de spectacles : nous venons par cette lettre vous faire part de notre vécu et nos demandes – qui nous semblent vitales pour le secteur culturel ainsi que pour le territoire – avec des arguments qui justifient ces demandes.

1. CONTEXTE POLITIQUE

En cette période d’incertitude, nous avons retenu une citation du ministre de la culture : « Franck Riester – [qui] a demandé « aux structures les plus solides financièrement, ainsi qu’à ses opérateurs et aux structures subventionnées par l’État, de faire jouer la solidarité en payant les cessions prévues aux compagnies et en honorant les cachets des intermittents afin de ne pas les fragiliser ». » (18 mars 2020)
Les autres annonces effectuées « au national » n’ont pour conséquence que d’entretenir un climat de flou et donc de tension grandissant au sein du secteur culturel ; ceci engendrant des décisions prises sans les éléments de réflexions complets.
Actuellement, les professionnels de la culture, indépendants, intermittents, saisonniers ou vacataires, sont empêchés de travailler et ne perçoivent pour ceux qui en ont que leurs indemnités pôle emploi – certes étendues (par annonce présidentielle) jusqu’à août 2021 – mais sans date précise de reprise du secteur – qui sera d’ailleurs différente selon les personnes. Et les compagnies créatrices de spectacles et d’événements sont condamnées elles aussi à une saison en grande partie vide, ce qui implique aucune entrée financière pour des charges de fonctionnement qui vont amenuiser les trésoreries de celles qui ont la chance d’en avoir.

2. CONSÉQUENCES ET RISQUES : LA FRAGILISATION DU SECTEUR CULTUREL

Notre seule certitude est que la crise culturelle va impacter la saison complète (jusqu’à la fin de l’année 2020) et par conséquence la suivante (2020-2021 / 2021-2022). En effet, les reports – tout en étant le fruit de décisions parfaitement compréhensibles – vont « saturer » les lieux de diffusion et empêcher la diffusion, voire la création des nouveaux spectacles, donc barrer la route à d’autres projets, entraînant une inertie du secteur culturel dans son ensemble.

Par ailleurs, ces mêmes reports nécessitent tout de même pour les diffuseurs et pour les artistes une part importante du travail d’adaptation dans la conception des événements (disponibilité des compagnies / calendrier de tournée, adaptation des événements extérieurs en intérieurs/ modification des accueils techniques etc.).
Les organisateurs vont subir de plein fouet – cela semble être une évidence – la baisse des actions de mécénat et de sponsoring ou les actions d’autofinancement (organisations d’activités permettant d’en financer d’autres etc.). Ils vont également porter un risque décuplé de baisse de leur fréquentation, ainsi que de leurs recettes directes.

Enfin, si les employeurs que nous sommes n’honorent pas les salaires des équipes artistiques, techniques administratives (etc.) :

ces travailleurs sont malgré tout précarisés (une indemnité n’est généralement pas à la hauteur des journées salariées et déclarées)
la charge totale revient à l’état, de « sauver » ces professionnels, à supposer que l’état fasse effectivement le choix de ce sauvetage bien sûr. Ceci créera à moyen terme une tension sur les dotations – et une incertitude sur les capacités des « petites structures » a poursuivre leur travail.

Il nous apparaît évident que la responsabilité des collectivités locales est primordiale dans ce contexte :
Soit elles optent pour un soutien de ses acteurs culturels locaux (comme cela a été sollicité par M. le ministre!) ;
Soit ces structures – qui vont perdre 30 à 80% de leur budget sur 2020, avec une saison à l’arrêt depuis début mars – arrêteront leurs activités en abandonnant des zones sinistrées.

Pour notre structure, (la Cie Boumkao), l’estimation révisée du budget prévisionnel avec la donne « covid » c’est une perte non compensée de 45 000 € – soit 50 % des produits, créant un déficit de 25 000 € – bien plus que nous ne pourrons supporter financièrement.

3. NOS DEMANDES

Considérant que la culture est une composante fondamentale des territoires :

Nous demandons à tous nos partenaires publics le maintien des subventions complètes, y compris en cas d’annulation ;
Nous demandons à ce qu’un fonds soit créé à chaque échelon pour les événements reportés (prenant en compte les adaptations et les charges de travail et financières émanant d’une réorganisation) ;
Nous demandons enfin à ce qu’un fonds de soutien soit dédié aux structures organisatrices d’événements peu soutenues par les subventions publiques : ces structures dont les recettes sont en partie assurées par l’autofinancement (souvent les recettes de billetterie ou de buvette/restauration) étant aussi un facteur important du maillage culturel local.

Ceci est la condition nécessaire au maillage culturel, à la remise en marche de l’attractivité des territoires, ainsi qu’au dynamisme de la création (artistique) en région – l’enjeu étant sa survie. C’est également une contribution a l’arrêt de la précarisation des professionnels, et plus que jamais la mise en avant de l’accès de tous les publics à la culture – dont le manque conduit hommes et femme à une diminution de la conscience collective et par extension à des comportements mortifères.

En « contrepartie » de ce maintien du subventionnement nous participerons à ce cycle vertueux en :
Déclarant et payant les personnes qui ont travaillé à la production / diffusion / communication / conception et création des événements et spectacles (donc tous ceux qui s’investissent en amont des événements ou spectacles : du graphiste au programmateur) ;
Déclarant et payant les équipes techniques et administratives embauchées sur les événements et spectacles y compris lorsqu’ils n’ont justement pas lieu ;
Et bien sûr en honorant les contrats de cession des équipes artistiques mobilisées pour les représentations / événements / festivals ;
La transparence de l’utilisation des sommes semble être une évidence… tout en respectant une certaine confidentialité dans la communication et le traitement de ces données.

Ceci n’est faisable qu’avec un maintien du subventionnement public qui couvre ces dépenses puisqu’il s’agit de la seule ligne budgétaire issues de recettes constantes (impôts) et fléchées sur laquelle les acteurs peuvent s’appuyer. C’est également l’occasion de mobiliser les structures de diffusion autour d’une charte éthique dont la fierté sera partagée par tous les acteurs culturels : les collectivités qui s’engageront à être concrètement solidaires seront associées à cette charte et remerciées comme elles l’auraient été par la communication autour des festivals et représentations soutenues. Elles profiteront donc elles-mêmes de ce « label »

Point régional :

Actuellement, le département de Saône et Loire a d’ailleurs envoyé une promesse de maintien de subventions, y compris lorsque les événements sont annulés ; espérons que celui-ci soit suivi !
La Vice-Présidente de la région BFC Laurence Fluttaz a assuré les acteurs du versement des subventions à hauteur et au prorata des dépenses déjà engagées, et de l’ouverture de fonds de soutien aux associations et acteurs locaux.

Espérant surmonter à la crise d’aujourd’hui, nous nous tenons à votre entière disposition pour « construire et inventer  » les projets culturels de demain !

Ce courrier est rédigé par un petit collectif de compagnies organisatrices d’événements – originaires de bourgognes franche comté ; il est libre de droit et utilisable (y compris transformé) par tous les acteurs qui en partagent le contenu : le but est de sensibiliser les collectivités locales sur une demande précise : le maintien du subventionnement pour les événements annulés ou reportés et le maintien du secteur culturel local.

L’équipe Boumkao